Classes d'emploi
Une classe d’emploi est une classe définissant les risques biologiques auxquels peut-être exposé le bois en fonction de l’environnement dans lequel il est mis en œuvre (situation de service) et de la conception de l’ouvrage dans lequel il est intégré. Elle ne doit pas être confondue avec la classe de durabilité, qui est une caractéristique intrinsèque de chaque essence de bois.
La classe d’emploi est directement liée à la cinétique (l’évolution temporelle) d’humidification du bois, qui dépend de son exposition à l’humidité (eau liquide ou vapeur) et de sa capacité à absorber l’eau et à sécher
La classe d’emploi dépend donc :
- des conditions climatiques d’humidification auxquelles le bois est soumis;
- du type d’exposition (absence de ventilation, confinement, vent dominant …);
- des facteurs de conception ayant un impact sur la rétention d’eau dans le bois (piège à eau, pente insuffisante
pour favoriser l’écoulement…)
La norme de référence est la NF EN 335, relative à la durabilité du bois et de ses matériaux dérivés.
Remarque : «Comme initié par Michel VERNAY dans l’ouvrage « Les bois de Guyane dans la construction », aux numéros de référencement des classes définies dans la norme de référence (EN 335) peut être adjoint, en Guyane, la lettre T afin de marquer l’importance du risque « Termite » sur l’ensemble du territoire.
En Guyane, cette classe n’est pas rencontrée en pratique, même dans les locaux climatisés.
Classe d’emploi 2 :
Situation de service :
Utilisation du bois en intérieur ou sous abri, non exposé aux intempéries (en particulier la pluie et la pluie battante), sans contact avec le sol. Le bois peut être soumis à une humidification occasionnelle (condensation notamment) mais non persistante (Humidité ponctuellement supérieure à 20%)
Exemples d’ouvrages ou d’éléments d’ouvrage concernés en Guyane ;
Menuiseries intérieures, parquets, escaliers, meubles, pièces d’ossature et de charpente sous abri, dans un espace toujours bien ventilé ou climatisé.
Risques biologiques associés en Guyane :
-Champignons de discoloration : oui
-Champignons lignivores : oui, mais limités à des pourritures superficielles occasionnelles à virulence faible
-Coléoptères : oui
-Termites : oui
-Térébrants marins : non
Quelques essences de bois pouvant répondre à cette classe d’emploi : Gonfolo, Goupi, Jaboty, Manil
Classe d’emploi 3 : Pour une meilleure définition des situations en service couvertes par la classe 3, elle est subdivisée en deux sous-classes, la classe d’emploi 3.1 et la classe d’emploi 3.2.
Classe d’emploi 3.1 : utilisation du bois en extérieur, sans contact avec le sol, avec des conditions d’humidification courtes (humidité pouvant dépasser les 20% mais sans stagnation d’eau et séchage avant nouvelle réhumidification).
Exemples d’ouvrages ou d’éléments d’ouvrage concernés en Guyane : bardages et menuiseries extérieures protégés par un débord de toiture, pièces de charpente non exposées aux intempéries,
plafonds et faux-plafonds.
Risques biologiques associés en Guyane :
Champignons de discoloration : oui
Champignons lignivores : oui, pourritures superficielles à faible virulence
Coléoptères : oui
Termites : oui
Térébrants marins : non
Classe d’emploi 3.2 : utilisation du bois, sans contact avec le sol, soumis fréquemment à des conditions d’humidification prolongées (exposé aux intempéries, humidité souvent au-delà de 20% sans séchage rapide du bois avant réhumidification).
Exemples d’ouvrages ou d’éléments d’ouvrage concernés en Guyane, menuiseries extérieures (portes, fenêtres et leur encadrement), éléments de charpentes en sous-toiture ou exposés aux intempéries, solivage extérieur sous abri, éléments verticaux (bardages, ventelles etc.)
Risques biologiques associés en Guyane :
Champignons de discoloration : oui
Champignons lignivores : oui, avec pourritures plus profondes et plus actives qu’en 3.1
Coléoptères : oui
Termites : oui
Térébrants marins : non
Quelques essences de bois pouvant répondre à ces classes : Amarante, Angélique, Courbaril, Grignon, Saint-Martin Jaune, Wapa Courbaril (grandiflora)
Classe d’emploi 4 : bois soumis à une humidité très souvent ou toujours au-delà de 20%, en contact le sol (eau stagnante) ou l’eau douce.
Exemples d’ouvrages ou d’éléments d’ouvrage concernés en Guyane : poteaux de support de lignes, platelages et caillebotis, bardeaux, éléments d’ouvrages d’art (pilotis, pontons, retenue de berges) de mobilier urbain, d’aire de jeux et d’aménagements extérieurs (barrière, traverse, piquets, glissière de sécurité, escalier et garde-corps)
Risques biologiques associés :
Champignons de discoloration : oui
Champignons lignivores : oui, pourritures profondes à forte virulence
Coléoptères : oui
Termites : oui
Térébrants marins : non
Quelques essences de bois pouvant répondre à cette classe : Balata, Bagasse, Ebène vert, Gaiac, Saint Martin Rouge, Wacapou, Wapa gras (falcata), Wapa rivière (rubiginosa)
Classe d’emploi 5 : utilisation du bois en immersion en eaux salée ou saumâtre, de manière régulière ou permanente.
Exemples d’ouvrages ou d’éléments d’ouvrage concernés :piliers, pontons, pieux d’appontement, défenses de quai, bateaux tous bois immergés en eaux salée ou saumâtre.
Risques biologiques associés :
Champignons de discoloration : oui (*)
Champignons lignivores : oui (*), pourritures profondes à forte virulence
Coléoptères : oui (*)
Termites : oui (*)
Térébrants marins (tarets et pholades notamment) : oui
(*) la partie de certains ouvrages situés au-dessus de l’eau peut-être exposée à tous les agents biologiques.
Quelques essences de bois pouvant répondre à cette classe : Angélique, Bagasse, Balata, , Ebène vert, Grignon, Saint -Martin Rouge, Wacapou, Wapa…
Attention !
La classe d’emploi 5 est une classe à part, elle ne concerne que les ouvrages en contact avec l’eau de mer et ne prend en compte que les risques biologiques très spécifiques encourus dans cette situation de service. Pour les classes d’emploi, de 2 à 4, toutes les essences répondant aux exigences d’une classe d’emploi donnée, répondent à celles des classes inférieures. Un essence relevant de la classe d’emploi 5, par contre ne répondra pas obligatoirement aux exigences des classes d’emploi 4 ou 3. Ainsi l’Angélique est une essence parfaitement adaptées aux situations des classes 3 et 5, mais ne répond pas aux exigences de la classe d’emploi 4.
Classes de durabilité
La norme de référence, la NF EN 350, définit la durabilité naturelle d’une essence de bois comme sa capacité à résister naturellement aux agents biologiques de dégradation du bois, qui regroupent les champignons lignivores, les insectes à larve xylophage, les insectes nidificateurs, les termites et les térébrants marins.
La durabilité naturelle ne concerne que le bois de cœur ou duramen, l’aubier étant considéré comme non résistant (sauf si des données d’essais indiquent le contraire).
Il existe trois grandes classifications qui permettent d’établir un indicateur de résistance pour chacune des grandes catégories d’agents pathogènes du bois : champignons lignivores, larves de coléoptères, termites et térébrants marins.
La norme NF EN 350 formalise l’état des connaissances sur la durabilité et l’imprégnabilité des essences de bois, en reprenant les classes qui leur sont affectées pour chaque agent de dégradation considéré. Ainsi, dans le tableau B3 dédié aux essences feuillues tropicales, sont répertoriées les classes de résistance aux attaques de champignons, larves de coléoptères, termites et térébrants marins.
Durabilité naturelle
Résistance aux attaques fongiques (champignons)
Résistance aux attaques de coléoptères
Résistance aux attaques de termites et térébrants marins
Durabilité conférée
La durabilité naturelle d’un bois peut-être améliorée grâce à un traitement de préservation, par exemple
l’ajout d’une substance dans le bois (imprégnation à coeur ou trempage). Cette nouvelle durabilité, appelée
durabilité conférée est classée selon les mêmes critères que la durabilité naturelle.
La marge d’amélioration de la durabilité naturelle d’un bois est directement liée à l’imprégnabilité de celui-
ci. Plus un bois est imprégnable et meilleure sera sa durabilité conférée.
Classe d'imprégnabilité
Si la durabilité naturelle d’une essence est insuffisante pour l’emploi prévu et les risques biologiques associés, il est possible de recourir à un traitement de préservation pour garantir la protection requise. On parle alors de durabilité conférée (sous-entendu par le produit de préservation utilisé). Ce dernier doit être sélectionné en fonction des agents biologiques contre lesquels il est efficace et qui risquent de sévir dans les conditions de mise en œuvre envisagées.
Le niveau de protection à assurer se traduit en termes d’exigence de pénétration (épaisseur de pénétration), selon l’imprégnabilité du bois, et de quantité de principes actifs à garantir (valeur critique) dans la zone de pénétration du bois, en fonction des risques identifiés. Sauf résultats d’essais contradictoires, les exigences de pénétration et de valeur critique des classes d’emploi 3-2 et suivantes ne peuvent être atteintes par simple trempage, elles nécessitent l’emploi d’un autoclave.
Une classification à quatre niveaux est utilisée pour caractériser l’imprégnabilité du bois, qu’il s’agisse du duramen ou de l’aubier. L’imprégnabilité étant difficile à définir avec précision, ces classes ont été établies à partir des constatations faites lors de l’application des procédés de traitement sous vide et pression.